COLORADO

Jeudi 15 janvier 2015 : Le Colorado provencal !
rando conduite par Jean Paul. 20 participants éblouis !
Louis nous livre les secrets de l’ocre du Roussillon

Longueur de l'itinéraire : 14.78 km
Dénivelé positif cumulé : 394 m
Dénivelé négatif cumulé : 394 m
Altitude maxi : 590 m
Altitude mini : 309 m
Altitude moyenne : 430 m
Durée totale : 06h40m15s - dont 02h14m37s de pause
Vitesse moyenne (sans les pauses) : 3.3 km/h (4h25m38s de marche)
Vitesse ascensionnelle moyenne (sans les pauses) : 152 m/h (2h35m23s d'ascension)
Vitesse de descente moyenne (sans les pauses) : 214 m/h (1h50m08s de descente)

les jours les plus courts !
Tiens, un cycliste ?

Louis nous révèle
tous les secrets de l’ocre du Roussillon

Merci Jean Paul ! On en a pris plein la vue !

--------------------

Née au fond des mers à l'ère secondaire, ((540 à 245 Millions d’années) la roche qui générera l'ocre est un simple grès, constitué par des grains de sable que les vagues et courants accumuleront sur 30 mètres d'épaisseur. Dans les roches de Roussillon, les multiples bancs de sable retracent la vie du fond océanique.

 

Quelques millions d'années plus tard, la Provence des dinosaures (245 à 65 MA) s'asséchera dans un immense soulèvement géologique. Les sédiments du fond des mers se retrouveront à l'air libre et subiront les intenses phénomènes d'érosion et d'altération du climat tropical de l'époque.

C'est de cette gigantesque chimiosynthèse que naîtront les sables ocreux issus de l'altération des petits cristaux de glauconie en oxydes de fer. En circulant dans le sol les eaux de pluies emporteront les substances colorantes des grès, métamorphosant ceux-ci en roches immaculées et stériles. Elles déposeront ensuite leur charge minérale plus profondément, plus bas dans la terre, créant ainsi la palette des ocres jaunes et rouges de Roussillon.

 

Bien avant la colonisation romaine, les premiers habitants avaient déjà compris l'intérêt des gisements d'ocre, pour l'art corporel ou pariétal mais aussi et surtout pour le fer contenu dans ses roches. En effet ces gisements recèlent d'énormes quantités de minerai ferrugineux qui sera fondu dans les premiers «bas fourneaux» de l'antiquité. Exploité de manière intermittente jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, le minerai de Rustrel conduira à l'essor économique et industriel de la vallée du Calavon.

Dans les années 1850, aciéries et laminoirs permettront la production d'acier. L'exploitation des forêts pour la production de combustible s'intensifiera au point de désertifier le plateau du Vaucluse et le mont Ventoux complètement mis à nu. Mais l'acier vauclusien restera de piètre qualité et en l'absence d'un développement judicieux des moyens de communication, la région connaîtra sa première crise sidérurgique.

 Bien connu depuis la haute antiquité, le pouvoir colorant de l'ocre ne sera véritablement exploité en tant que tel qu'à partir des années 1780, notamment sous l'impulsion de Jean-Etienne Astier qui découvrira la stabilité et l'inaltérabilité de l'ocre dans les peintures. Il faudra presque un siècle encore, pour que l'extraction et le raffinage de l'ocre atteignent le stade industriel et développent ainsi l'économie du pays d'Apt, au moment même de l'effondrement de la production d'acier. Avec le dix-neuvième siècle, l'ocre connaîtra son âge d'or, l'exploitation se rationalisera et de nombreuses mines et carrières s'ouvriront. Un commerce florissant s'étendra vers les marchés américain puis russe : la richesse économique touchera enfin le pays.

 En 1890, 20 000 tonnes d'ocres seront produites et le double en 1930. Mais la crise de 1929, puis la seconde guerre mondiale et l'arrivée des colorants artificiels, signeront la fin de cette époque glorieuse.

Pourtant le commerce de l'ocre ne s'est jamais totalement éteint puisque, aujourd'hui encore, 1000 tonnes d'ocre sont fabriquées chaque année à Apt.

 Â« De sang et d'or », telle est la maxime qui s'affiche encore à l'entrée du pays de Roussillon. L'ocre a apporté richesse et prospérité durant presque un siècle, mais il a été aussi la source de querelles, de luttes et de tragédies. Un ocrier aux dix-neuvième et vingtième siècles était, avant tout, un mineur de fond. Dans les galeries ces hommes travaillèrent longtemps à la pioche et à la pelle, transportant le minerai à la brouette sans autre moyen moderne d'extraction.

 Les pollutions dues aux poussières d'ocre empoisonnaient la vie des habitants de Roussillon. Des plaintes contre les exploitants furent déposées dès les années 1800. Les cours d'eau étaient envahis par les sables de lavage, empêchant

ainsi leur bon écoulement. Le travail et le transport des pigments empoussiéraient l'atmosphère des villages, ce qui apportait beaucoup de nuisances aux ménagères de l'époque !

 Au 19ème siècle on l'avait mélangée au chocolat et même utilisé dans les cosmétiques. Au 21ème siècle ce pigment est, plus que jamais, indispensable. Ce produit naturel a d'extraordinaires avantages sur les colorants de synthèse.

Inerte, inaltérable aux rayons ultra-violets du soleil, il entre dans la composition de dizaines de produits exposés à l'air libre. Sa présence comme pigment dans la composition des matériaux de construction en est la preuve. Ainsi les peintures, carrelages, enduits et bétons sont teintés à l'ocre. L'industrie chimique incorpore l'ocre dans les engrais et dans le sel de déneigement ; cires, cartons et papiers recyclés en contiennent également. On recense aussi d'autres utilisations, comme la coloration des porcelaines de Limoges ou le traçage des lignes de marquage des terrains de sports.